Écosystèmes forestiers exceptionnels: ces forêts qui en disent long
Bouleaux jaunes de 25 mètres de haut, érable à sucre âgé de 300 ans, arbres de diamètres supérieurs à 90 cm. Les Laurentides abritent des dizaines d’écosystèmes forestiers exceptionnels, dont plusieurs forêts anciennes peu modifiées par l’homme et les perturbations naturelles.
Aujourd’hui, le Québec compte 256 écosystèmes forestiers exceptionnels (EFE), dont une trentaine dans les Laurentides et 190 autres sites protégés à l’intérieur d’autres aires de préservation déjà existantes, comme des parcs nationaux.
Par exemple, on retrouve dans la forêt ancienne de l’Île-de-la-Perdrix-Blanche, dans le réservoir Kiamika, des érables à sucre âgés de 175 à 220 ans et des pruches de l’Est de plus de 250 ans (voir autre texte).
Il y a plus de deux décennies, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) a mis sur pied un projet de classification et de préservation des écosystèmes forestiers. C’est à la fin des années 1990 que le gouvernement du Québec fait les premiers inventaires des forêts exceptionnelles de la province, racontent Guillaume Godbout, biologiste à la Direction de la gestion des forêts de l’Outaouais et Normand Villeneuve, ingénieur forestier, Ph.D., à la Direction de la protection des forêts à Québec. Il aura cependant fallu attendre jusqu’en 2002 avant que les sites identifiés puissent bénéficier d’un statut légal permettant leur protection.
Le projet mis en place par le MFFP vise à classer les écosystèmes forestiers exceptionnels selon trois catégories: les forêts anciennes, les forêts rares et les forêts refuges. Selon M. Godbout et M. Villeneuve, les trois types réfèrent essentiellement à ce qui donne à l’écosystème forestier son caractère exceptionnel. La classification des forêts vise à conserver une diversité biologique fondamentale, donc à préserver l’habitat de diverses espèces menacées, mais aussi de préserver un habitat particulièrement susceptible d’accueillir des espèces encore inconnues à ce jour.
La liste des 256 EFE actuellement classés ne contient que les écosystèmes forestiers exceptionnels protégés par la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier. « Plusieurs autres sites qui ne sont pas classés en tant qu’écosystèmes forestiers exceptionnels en vertu de cette loi, mais qui ont une valeur analogue, ne figurent pas sur cette liste. Il s’agit notamment de sites situés en forêt privée et de sites appartenant à des territoires protégés en vertu d’autres lois (parcs nationaux, réserves écologiques, réserves de biodiversité, etc.) », indique le MFFP.
3 types d’écosystèmes forestiers exceptionnels
Forêt rare
On peut parler d’une forêt qui est rare lorsque la composition végétale d’une forêt est particulière, voire unique, dans le paysage forestier régional ou à l’échelle de la province. Il peut s’agir, par exemple, d’espèces que l’on retrouve hors de leur aire de répartition habituelle ou encore du fait qu’il n’y ait pas encore eu d’impact d’activité humaine sur elle.
Forêt ancienne
Pour les forêts anciennes, il s’agit généralement de peuplements qui ont été épargnés de l’intervention humaine depuis un ou plusieurs siècles. Ces peuplements peuvent être sur des sites inaccessibles (ex. sur des îles) ou dans des secteurs très accidentés qui rendaient leur exploitation difficile, voire impossible à l’époque. Ce sont également des peuplements qui ont été épargnés par les feux et les épidémies. Les arbres y sont très âgés et forment des peuplements avec un haut niveau de complexité structurelle.
Forêt refuge
Les forêts refuges visent à protéger un habitat important d’une ou de plusieurs espèces floristiques menacées ou vulnérables. C’est une approche qui est utilisée pour des espèces de plantes menacées ou vulnérables et dont l’environnement et l’habitat peuvent être protégés par le statut gouvernemental d’écosystème forestier exceptionnel. Ce ne sont toutefois pas toutes les populations d’espèces menacées qui vont mener à la désignation d’un écosystème forestier exceptionnel. L’objectif poursuivi est de protéger les populations d’espèces floristiques menacées les plus rares, les habitats de grande qualité et ceux jouant le rôle de refuge pour plusieurs espèces menacées dans un même endroit.
Avec la collaboration de Marilou Séguin
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