Pénurie de main-d’œuvre
Se tourner vers l’étranger pour recruter
Bien que récent, le recours à l’immigration pour combler la pénurie de main-d’œuvre dans la région est monnaie courante. En effet, la Corporation de développement économique (CDE) de la MRC des Laurentides réfère des entreprises de chez nous presque toutes les semaines à ses partenaires en immigration régionale.
La CDE offre des ateliers présentant différents trucs et astuces aux entreprises, notamment au niveau de l’accès aux candidats étrangers. Elle offre de l’accompagnement pour bonifier l’expérience et surtout, démystifier les bassins potentiels de travailleurs.
Plusieurs travailleurs immigrants sont déjà installés dans les grands centres comme à Montréal depuis plusieurs mois ou quelques années. Leur proximité avec les Laurentides peut devenir une intéressante solution au problème de pénurie de main-d’œuvre chez nous.
« On voit de la part des entrepreneurs, une belle curiosité et une belle ouverture. Souvent, on pense à l’immigration à l’international et d’entrée de jeu, on semble ne pas considérer cette option. Quand je parle de Montréal aux entrepreneurs, ça devient beaucoup plus attrayant en termes de délais et de coûts », soutient Rachel Pouliot, conseillère, Attractivité et Partenariats en emploi à la CDE.
Sur le territoire, on compte plus de 2000 entreprises et on remarque que plusieurs complexes hôteliers engagent des travailleurs immigrants. Certains de ces travailleurs ont même accédé à des postes de cadres ou de direction avec les années. « On voit des beaux cas d’intégration! On voit aussi des personnes immigrantes qui ont décidé d’être entrepreneurs ici. […] Dans n’importe quel bassin, il peut y avoir des grands succès et des fits qui ne fonctionnent pas », poursuit Mme Pouliot.
D’autres enjeux comme le logement peuvent toutefois devenir un obstacle pour ces travailleurs qui voudraient s’installer chez nous. « La pénurie de logements est là pour tout le monde. Peu importe l’origine du travailleur, se trouver un logement est un enjeu. On essaye de sensibiliser les entreprises à savoir si elles peuvent jouer un rôle là-dedans. Il y a des entreprises qui vont loger en partie leurs employés soit avec une aide financière ou en achetant des bâtiments et en louant à leurs employés. »
Par rapport au transport, Mme Pouliot rappelle que le territoire des Laurentides peut être la cible de préjugés lui aussi. Des travailleurs de l’extérieur pourraient croire, selon elle, qu’il est impossible de vivre chez nous sans voiture. Et pourtant… « Par exemple à Val-David, il y a de tout sur la rue Principale. On peut calquer un peu le mode de vie qu’on avait dans une région urbaine », avance-t-elle.
Différents permis de travail
La CDE confirme par ailleurs que plusieurs conditions doivent être respectées si un employeur veut faire appel à des travailleurs étrangers issu de l’international. « Certaines entreprises n’opteront pas pour cette voie-là parce qu’ils ont besoin d’employés rapidement. […] Il y a différents types de permis de travail (pour travailleurs étrangers) possibles. Il y a le permis vacances-travail, qui est plus souple, il y a des permis ouverts et des permis fermés. Je ne peux pas me prononcer sur un cas spécifique, mais il faut que les entreprises s’assurent de comprendre l’entièreté du dossier », ajoute Rachel Pouliot.
10 475 postes vacants
De son côté, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) note que 10 475 postes sont actuellement vacants dans les Laurentides. « La pénurie de main-d’œuvre demeure un enjeu extrêmement important pour l’ensemble du Québec et pour la région des Laurentides. Dès qu’on voit un semblant de reprise économique, la pénurie de main-d’œuvre suit automatiquement et remonte dans les priorités des PME, c’est indéniable », affirme Francis Bérubé, analyste principal des politiques à la FCEI.
M. Bérubé ajoute que l’immigration fait partie des solutions à ce problème, mais encore faut-il être bien accompagné et investi. « Il y a assurément plusieurs façons de soutenir les entreprises. Par exemple, pour tout ce qui est relatif à la paperasse. On fait des démarches pour aller chercher des travailleurs immigrants (à l’étranger). C’est extrêmement compliqué, ça coûte cher et il y a des délais importants et on n’a pas toujours la garantie non plus qu’au final, ça va fonctionner comme le plan de départ. »
Ce dernier parle d’autres mesures incitatives pour attirer des employés comme de la formation en entreprise ou bien sûr, l’augmentation des salaires.
Un nouveau rapport publié par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) révèle que la pénurie de main-d’œuvre est de retour en force au Québec.
-En effet, les résultats clés de l’étude montrent que:
-67% des PME québécoises y sont confrontées.
-51% des entrepreneurs ont dû travailler plus d’heures pour pallier le manque d’effectifs.
-26% affirment avoir dû refuser des ventes ou des contrats en raison de la pénurie de main-d’œuvre.
-17% déclarent avoir annulé ou reporté des projets d’affaires.
Ce sont les secteurs manufacturiers, de la construction et des services professionnels qui sont les plus touchés par les pertes de ventes ou de contrats.
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