Projet citoyen en développement
Partage & Solidarité Laurentides n’est pas une soupe populaire
Oubliez l’étiquette vieillotte de « soupe populaire pour les démunis ». L’organisme Partage & Solidarité Laurentides s’insère plutôt dans la mouvance de l’économie circulaire, et vise à répondre aux besoins de la population de façon responsable.
Fondé en 2017, il s’affaire depuis à combattre le gaspillage alimentaire selon trois axes d’intervention : la récupération, la transformation et la distribution de denrées alimentaires invendues ou à la date de péremption prochaine même si elles seront encore comestibles pour une durée appréciable.
Persévérance
Après un passage au chalet Dion à Val-David et même sous une tente extérieure, c’est au sous-sol de la mairie de Val-Morin que la dizaine de bénévoles motivés accueillent actuellement chaque semaine des citoyens qui repartent avec denrées fraîches et plats préparés, gratuitement et sans justification.
« Il s’agit d’une situation temporaire. Nous en sommes à développer des partenariats qui nous permettront de nous établir de façon permanente dans un local commercial, soit à Val-David ou à Val-Morin. Présentement, nous avons des dizaines de personnes qui se proposent comme bénévoles, mais nous ne pouvons pas les accueillir puisque le local est trop petit! De plus, les investissements ne seront pas possibles tant que nous ne serons pas établis de façon stable quelque part », explique Lyne Cauchon, cofondatrice de l’organisme.
Pérennisation des services
Partage & Solidarité Laurentides recevra prochainement une subvention, nous dit-on, dans le but de répondre aux besoins du regroupement, soit de créer une cuisine commerciale qui répond aux normes d’hygiène et de salubrité du ministère de l’Alimentation (MAPAQ) pour le volet transformation. « Pour l’instant, ce sont nos bénévoles qui assurent de chez eux la transformation des denrées en plats prêts à consommer », affirme Mme Cauchon. Un service essentiel qui fournit des repas complets et sains à tous, y compris aux personnes qui n’ont pas la mobilité, le savoir ou encore l’équipement pour cuisiner. Mises bout à bout, ce sont plus de 150 heures de travail bénévole par semaine qu’investit l’équipe pour rendre possible les trois volets actuels d’action.
Soutien aux commerçants
Jusqu’à maintenant, sept entreprises indépendantes locales ont emboîté le pas en faisant don de leurs surplus alimentaires à l’organisme. Mais des réticences demeurent chez certains commerçants. Parmi celles-ci, l’idée reçue que les gens n’iront plus acheter leurs produits s’ils sont donnés ailleurs après leur durée de vie commerciale. Ou encore la peur de devoir augmenter les tâches de gestion de leur inventaire.
« Cette appréhension est particulièrement visible chez les petites entreprises qui n’appartiennent pas à une bannière, mais elle est infondée. Nous proposons des solutions aux entreprises donatrices pour effectuer leurs dons, ce qui leur permet un gain de temps et d’argent », explique Lyne Cauchon.
Autre croyance qui a la vie dure chez les commerçants, celle de pouvoir être poursuivi en cas d’intoxication alimentaire. Pourtant, depuis 1994, l’article 1471 du Code civil du Québec libère ces derniers de toute responsabilité si le don est effectué de façon bienveillante.
Vers un carrefour citoyen
Le projet en développement de l’organisme est beaucoup plus large que la récupération alimentaire. C’est une vision globale de l’utilisation des ressources pour le bien-être des citoyens que nourrissent ses membres. « Pourquoi ne pas avoir un lieu qui regrouperait également plusieurs services comme la couture, l’ébénisterie, la cordonnerie ou encore la présence d’un électricien afin de donner une seconde vie aux objets? Ce serait un projet structurant pour la communauté, qui répondrait à de réels besoins », conclut Mme Cauchon.
Force est de constater que les actions et les idées de Partage & Solidarité Laurentides suscitent un réel engouement. Plusieurs citoyens veulent s’impliquer et une première recherche de financement a porté ses fruits. Reste à voir si les instances municipales vont emboîter le pas.
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