Hausse de l’itinérance dans la région: une halte-chaleur pour soutenir les sans-abris
La ressource en santé mentale L’Envolée, en concertation avec la Ville et plusieurs partenaires de la communauté, a ouvert à Sainte-Agathe une halte-chaleur, qui pourrait se transformer en refuge pour les itinérants.
Dans la foulée de la crise de la COVID-19 et des impacts de la fermeture des commerces non essentiels, les gens sans domicile fixe se retrouvent en difficulté. À Montréal comme à Saint-Jérôme, les services offerts en itinérance s’adaptent à la situation et tentent de soutenir ces personnes vulnérables.
Voilà maintenant que chez nous aussi, des mesures sont prises pour soutenir les sans-abris. Une halte-chaleur a officiellement ouvert ses portes au local de L’Envolée, situé au 5, rue Larocque Ouest, dans le centre-ville de Sainte-Agathe. Ceux qui viennent s’y réfugier peuvent, de 16h à 22h tous les jours, y prendre une douche et un repas, y dormir sur un lit de camp pour une sieste et y laver leur linge.
Depuis son ouverture, le 18 janvier, cette nouvelle ressource accueille trois ou quatre itinérants tous les soirs.
Un portrait sombre
C’est la coordonnatrice à L’Envolée, Nancy Ponton, qui a été l’instigatrice de ce projet. Elle a constaté sur le terrain le besoin criant pour ce type de ressource, en cette année particulière. « C’est le premier hiver qu’on voit autant d’itinérants qui restent dans la région, avance-t-elle. Puisque tout est fermé, dormir dans la rue pour dormir dans la rue, ils trouvent moins dangereux de rester en région que de s’en aller vers Montréal. »
Elle ajoute que l’on compte parmi cette clientèle beaucoup de cas de santé mentale, mais aussi des gens qui ont énormément de difficulté à trouver des logements dans la région, et qui se retrouvent à dormir dehors ou de divan en divan. Contrairement à un préjugé tenace, elle assure qu’on parle maintenant de gens originaires de la région, et non plus de personnes du Grand Montréal qui sont montés dans le nord.
« J’ai une dame qui a vécu en logement toute sa vie, mais à cause de la pandémie et des difficultés financières qu’elle a eues, elle a perdu son logement. Elle dort dans sa voiture en ce moment. »
-Nancy Ponton
En fait, on dénombre cet hiver, rien qu’à Sainte-Agathe, 17 itinérants qui sont connus des ressources policières et communautaires. Si on prend toutes les Laurentides, en comptabilisant l’itinérance et l’instabilité résidentielle (gens sans domicile fixe, mais qui ne dorment pas nécessairement dans la rue), on parle d’environ 1000 personnes, selon Mme Ponton.
Vers un refuge?
Pour l’instant, on parle de halte-chaleur et non de refuge, car on ne peut pas passer la nuit au local de L’Envolée. Le but éventuel de l’organisme est cependant d’installer cette ressource dans un autre endroit où elle resterait de façon permanente.
Elle pourrait ainsi se transformer en un refuge comme on en trouve dans les plus grandes villes. Pour cela, il faudrait cependant un intervenant sur appel qui serait prêt à y travailler toute la nuit pour recevoir les gens et veiller au bon ordre sur place.
« On est justement à la recherche de quelqu’un qu’on embaucherait pour ça, dit Nancy Ponton. On parle d’un emploi rémunéré. Idéalement, ce serait un étudiant en technique policière ou en travail social, qui veut évoluer auprès de cette clientèle-là. Il pourrait faire ses devoirs la nuit sur son quart de travail quand tout est tranquille. » Quiconque est intéressé par le poste peut envoyer son CV à lenvoleerasm@cgocable.ca.
Signalons par ailleurs que le 159, rue Principale est toujours actif à Sainte-Agathe. L’organisme met une chambre à la disposition d’itinérants qui en auraient besoin.
Collecte de matériel
L’Envolée prépare par ailleurs une collecte de matériel qu’on offrirait ensuite aux sans-abris de la région. Celle-ci aura lieu le lundi 1er février entre 8h30 et 16h, au local de l’Association des personnes handicapées intellectuelles des Laurentides (APHIL), situé au 62, rue Préfontaine à Sainte-Agathe.
Outre de la nourriture sèche, facile à consommer pour des gens dans la rue, cette collecte vise à recueillir en particulier des vêtements chauds d’intérieur (coton ouaté, col roulé, kangourou…) comme d’extérieur (mitaines, tuques, manteaux…), ainsi que du matériel de camping (tentes, matelas gonflables, sacs de couchage…).
Tout ce qui sera ainsi récupéré sera trié et lavé, puis offert aux sans-abris qui recourent à la halte-chaleur. Il est également possible de venir porter du matériel sur la galerie avant de L’Envolée, au 5, rue Larocque Ouest, dans le bac prévu à cet effet.
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