Dîner dans le noir à la Polyvalente : une expérience déstabilisante et une prise de conscience 

  • Publié le 8 déc. 2025 (Mis à jour le 8 déc. 2025)
  • Lecture : 3 minutes
Aurély Ouellette et Alyssia Lessard, présidente et vice-présidente d’ID2. Photo Médialo – Emmanuelle M.-Verschaeve 
Aurély Ouellette et Alyssia Lessard, présidente et vice-présidente d’ID2. Photo Médialo – Emmanuelle M.-Verschaeve 

La Polyvalente des Monts a organisé un dîner dans le noir le 28 novembre dernier dans le but de sensibiliser les élèves à la différence (relativement à la non-voyance) et aux enjeux qu’elle implique. Une expérience aux ressentis très particuliers. 

Le comité l’ID2 (Inclusion des Différentes Différences) a été fondé par Aurély Ouellette, alors qu’elle était en première année à la Polyvalente des Monts, et Caroline Baron, son éducatrice spécialisée et transcriptrice braille, à la suite d’un constat de la jeune fille. « On avait remarqué que, souvent, les élèves en voyant l’affiche braille (mode d’écriture des personnes non-voyantes) pensaient que j’étais sourde ou muette, puis il y avait beaucoup de jugements et de propos qui étaient portés sans nécessairement connaître le contexte, relate-t-elle. Caroline et moi, on a donc décidé de créer le comité pour sensibiliser les personnes aux différences et, chaque année, la première activité qu’on fait, c’est le dîner dans le noir. » 

Aujourd’hui, l’ID2 est composé de neuf élèves. « La grosse différence dans le comité cette année, c’est que, comme Aurély est en secondaire 4, elle en est devenue la présidente, informe Caroline Baron. C’est elle qui entreprend toutes les démarches, incluant les soumissions avec la cuisinière pour le repas (offert par l’école), les contacts avec la direction, la gestion du budget et l’organisation du dîner. Ses tâches augmentent avec les années et elle est maintenant épaulée par une vice-présidente Alyssia Lessard, qui étudie en secondaire 5.  

Aurély Ouellette, présidente de l’ID2 et Caroline Baron, éducatrice spécialisée et transcriptrice braille. Photo Médialo – Emmanuelle M.-Verschaeve 

Un contexte déstabilisateur 

Une quinzaine d’élèves de chaque niveau ont assisté au dîner et, cette année, des duos qui partageaient le même cabaret se sont joints à l’événement, ainsi qu’un adulte.  

Chaque participant portait un loup pour être dans l’obscurité et l’expérience commençait depuis la porte fermée jusqu’à s’installer à table, puis manger. Ainsi, chacun des jeunes était guidé par un bénévole qui suivait les consignes d’Aurély Ouellette. « Ce que les élèves ont trouvé le plus difficile, c’était de trouver tout ce qui était disposé sur leur cabaret. Par exemple, ils devaient goûter les condiments, dit-elle. La première consigne que j’ai dû donner était de baisser le ton, parce que, quand on est privé d’un sens, les autres sens sont plus sollicités et ça peut rendre inquiet d’entendre des gens qui parlent fort autour de soi. » 

Au départ, ils y allaient vraiment à tâtons, mais quand Aurély a donné les consignes, ils ont réfléchi un peu plus à l’organisation du cabaret, sur lequel chaque chose doit toujours être à la même place pour mieux se repérer. « On en a vu de toutes les couleurs quand il s’agissait de beurrer la tartine, mais aussi pour les légumes. Il y en a eu un qui a mis son concombre debout dans son sandwich, relate Alyssia Lessard. Certains ont pris la cuiller pour attraper les aliments. Le fait d’avoir des duos cette année a amené une belle complicité, parce qu’ils s’entraidaient : un tenait le pain et l’autre le beurrait. »  

Une insécurité palpable  

Tous les participants se sont sentis vraiment en dehors de leur zone de confort et avaient constamment besoin d’être rassurés par les membres du comité et les bénévoles qui les encadraient pendant l’activité. Le fait d’être dans la noirceur totale et de devoir toucher les aliments, dont la salade de chou et la salade de pâtes, pour les identifier en a mis plusieurs d’entre eux mal à l’aise. Tous ont ressenti une grosse fatigue après l’expérience, voire des maux de tête, tant le niveau de concentration était essentiel. 

Une prise de conscience 

Séréna, la sœur d’Aurély Ouellette qui est en secondaire 2 et sourde d’une oreille, a accepté de se prêter au jeu cette année. Elle a constaté en étant dans le noir que ses mouvements étaient lents et elle comprend maintenant pourquoi ceux de sa sœur le sont, alors que ses parents et elles lui demandent toujours d’aller plus vite. 

À la fin de l’activité, les jeunes ont eu l’occasion de toucher aux livres en braille et au matériel de travail d’Aurély. « Ça a vraiment aidé les élèves à mieux comprendre mon quotidien. Je réalise aussi qu’ils se sont permis de me poser beaucoup de questions, alors qu’ils n’osent pas trop le faire habituellement, confie-t-elle. Pour moi, la mission est de sensibiliser les gens à mon quotidien et à d’autres handicaps pour une meilleure compréhension, puis d’éviter les commentaires péjoratifs », conclut la jeune fille de 15 ans. 

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