En plein mois de décembre, la rivière du Nord sort de son lit
Inondations et dégel l’hiver: une nouvelle réalité avec laquelle il faudra vivre
Les riverains de la rivière du Nord ont vu avec stupéfaction le cours d’eau sortir de son lit par endroits aux alentours de Noël. À Val-Morin, des chemins ont même été coupés par l’eau durant quelques jours.
Selon Environnement Canada, la région de Sainte-Agathe a reçu 70 mm de pluie en 36 heures, les 24 et 25 décembre, ce qui a gonflé le cours de la rivière. De plus, la température avoisinait les 10 degrés Celsius, ce qui a provoqué une fonte très rapide du couvert neigeux. « C’est environ un pied de neige qui est parti, en quelques jours à peine », soutient Dominic Martel, météorologue.
Cet apport important et soudain en eau s’est toutefois buté à un sol gelé. Sa capacité de rétention était quasi nulle. « Dans ce temps-là, l’eau est vouée à ruisseler jusque dans les cours d’eau, explique Éric Chatigny, fondateur du site Météo Laurentides. On a donc vu une hausse marquée du niveau d’eau. Le débit de la rivière du Nord a atteint 40 m3 par seconde. C’est un record pour ce temps-ci de l’année. »
Val-Morin mange la claque
Pas étonnant, alors, que toute cette eau ait fini par faire déborder la rivière et les lacs dans le Grand Sainte-Agathe. À Val-Morin, où l’on trouve plusieurs zones inondables, la Municipalité a dû fermer à la circulation, le 26 décembre, plusieurs routes: la rue Sansoucy et des parties du chemin de la Rivière, de la 7e avenue, de la rue de la Rivière et du croissant Saint-Norbert.
« On a quand même été chanceux, il n’y a pas eu de dégâts majeurs, affirme Sonya Audrey Bonin, directrice des communications de Val-Morin. Il a fallu s’assurer par contre avec les travaux publics que les ponceaux sous les rues n’avaient pas été bouchés par de la glace. »
Si le 28 décembre, une partie des chemins fermés avait pu être rouverte à la circulation, l’eau s’étant suffisamment retirée, il aura fallu attendre le 31 pour que tout revienne à la normale. Le secteur de l’usine d’épuration, en particulier, était problématique. « On voyait l’eau de la rivière passer par-dessus la chaussée, on a dû barrer complètement la rue pendant quatre jours », confie Mme Bonin.
Le redoux et la pluie ont aussi provoqué la fermeture du parc Legault, l’eau ayant ruisselé le long de la patinoire (qui n’était plus opérationnelle, on le comprend) pour ensuite gelée à nouveau sous l’abri des joueurs.
De plus en plus fréquent?
Tant pour Dominic Martel que pour Éric Chatigny, l’étrange météo que nous avons eue pour le temps des Fêtes pourrait se reproduire dans le temps.
« Ce n’est pas du jamais vu, mais ce n’est pas fréquent, confirme M. Martel. Par contre, il faut s’attendre que les changements climatiques changent la fréquence de ces épisodes. »
Déjà, selon Environnement Canada, la probabilité d’avoir un Noël vert est de plus en plus grande. Alors qu’elle était de 15% seulement pour la période de 1965 à 1984 dans la grande région de Montréal (Laurentides incluses), elle a monté à 30% pour la période de 1994 à 2017.
Éric Chatigny rappelle pour sa part qu’il n’est pas irrégulier d’avoir un redoux entre le 15 décembre et le 15 janvier au Québec, mais que la fréquence et la durée de celui-ci font diminuer la quantité de neige reçue. « Il faut s’attendre à un hiver raccourci et à de moins en moins de Noëls blancs dans un futur pas si lointain », avance-t-il.
Il ne faut cependant pas perdre espoir, surtout pour les amateurs de sports d’hiver. « D’habitude, c’est à la mi-mars que la neige au sol atteint son sommet, rappelle-t-il. On aura encore des épisodes plus froids et plus neigeux en janvier et février, ce n’est pas perdu pour les skieurs, les planchistes, les raquetteurs et les motoneigistes. »
Pour 2021, d’ailleurs, il s’attend à de plus en plus de froid pour la suite de l’hiver, et d’ici le 20 janvier, à de bonnes accumulations de neige.
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