Spectre de l’autisme en milieu scolaire, un casse-tête insoluble?

  • Publié le 25 nov. 2025 (Mis à jour le 25 nov. 2025)
  • Lecture : 3 minutes
Photo: Médialo - Patrice Francoeur
Photo: Médialo – Patrice Francoeur

Regroupement de classes, pénurie de personnel spécialisé, manque de prévisibilité pour les élèves, ce ne sont que quelques enjeux auxquels les enfants vivant avec le spectre de l’autisme (et leurs parents) sont confrontés dans les écoles de la région.

Karen Stéphanie Rol, la mère d’une jeune fille présentant un trouble du spectre autistique fréquentant l’école Notre-Dame-de-la-Sagesse à Sainte-Agathe lance un véritable cri du cœur. Sa fille nécessite un besoin d’accompagnement de niveau 2, ce qui requiert un soutien important en raison de difficultés de communication et de comportements répétitifs qui affectent son quotidien.

« L’an dernier, elle était épanouie. Elle fréquentait une classe adaptée regroupant les élèves de 1re et 2e années : cadre prévisible, personnel formé, sécurité. Elle progressait, elle riait, elle aimait l’école », souligne sa mère.

Les choses ont changé à la rentrée scolaire. Les classes de 1re et 2e ont été fusionnées avec celles des 3e et 4e années. Sur le papier, on parle d’un « ajustement budgétaire ». En réalité, c’est tout un équilibre qui s’effondre. Notons que parmi les élèves qui fréquentent ces deux classes, on retrouve des enfants provenant de Mont-Tremblant.

« Depuis la rentrée, ma fille manifeste une détresse intense : crises, gestes violents, menaces envers elle-même et envers autrui. Ce ne sont pas des caprices, ce sont des appels à l’aide. La dynamique en classe ressemble à une gestion de crise continue : éteindre des feux au quotidien, réagir plutôt que prévenir. », déplore sa mère. Toujours selon elle, ces réactions ont entraîné des conséquences concrètes : sa fille a été retirée de l’école pendant plusieurs jours consécutifs pour des raisons de sécurité.

« Je suis épuisée »

« Je vis au rythme des appels de l’école et des crises. Ma santé mentale en pâtit. Et le personnel scolaire ? Il mérite lui aussi des ressources, de la formation et du soutien. Je ne demande pas un traitement de faveur. Je demande de la cohérence et du respect : des postes de soutien maintenus, des équipes suffisantes. L’abolition de ces services ne représente pas une économie, c’est fragiliser des vies. Nos enfants ne sont pas des chiffres dans un budget », réitère la mère.

La version du Centre de services scolaire des Laurentides (CSSL)

L’info s’est entretenu avec Sébastien Tardif, le directeur général du CSSL des Laurentides. Il confirme que des changements dans la façon avec laquelle on regroupe les enfants ont été apportés. « L’an dernier, on avait effectivement trois classes à l’école Notre-Dame-de-la-Sagesse, cette année on a regroupé les élèves par groupes d’âge, répartis en deux classes. » Il précise que l’école peut compter sur la présence de deux techniciens en éducation spécialisée. « Tout récemment, l’on a ajouté un nouveau technicien à mi-temps (17 heures), une décision prise après avoir constaté certaines difficultés dans les deux classes spécialisées. »

Il conclut en mentionnant que la même politique de regroupement d’élèves en difficulté a été instaurée au pavillon Tournesol de Mont-Tremblant et qu’à ce jour, aucun problème majeur ne lui a été rapporté.

Le mot d’ordre : prévisibilité

Emma Campbell est neuropsychologue et l’autisme fait partie de son champ d’expertise. L’info lui a présenté le cas de Mme Rol. « Il n’est pas rare de voir des classes adaptées qui combinent plusieurs niveaux. Quand c’est bien fait, quand ça demeure dans un cadre qui demeure prévisible, ça peut fonctionner. » Elle précise que le principe de ces classes adaptées est que l’élève évolue à son propre rythme. « Pour un enfant qui vit avec le spectre de l’autisme, tout changement, toute irrégularité, font naître une anxiété et une détresse. Dans les classes que j’ai eu l’occasion de visiter, on fait entrer les enfants un à un. Selon le profil de chacun, on leur laisse du temps pour s’adapter à l’environnement. Les lumières sont tamisées, c’est silencieux, c’est extrêmement rassurant pour l’enfant. » Elle ajoute que pour ces enfants, le manque de prévisibilité et de constance est très anxiogène.

Un heureux dénouement?

Quelques heures après l’entretien avec M. Tardif, ce dernier informait le journal que la direction du CSSL avait tenu une réunion avec la direction de l’établissement scolaire que fréquente l’élève et que l’on avait mis en place des mesures pour apaiser la situation. Une des mesures qui sera mise en place est l’ajout de 20 heures/semaine en ce qui a trait aux préposés aux élèves handicapés. À cela s’ajoute une trentaine d’heures/semaine pour les techniciens en éducation spécialisée. Une psychoéducatrice et un conseiller pédagogique et un ergothérapeute seront déployés sur place jusqu’au début des vacances des fêtes. On parle ici d’un déploiement intensif de spécialistes afin de s’assurer que les protocoles d’intervention utilisés soient optimaux. Finalement, il annonce que dès maintenant tous les membres du personnel qui interviennent auprès des enfants seront adéquatement formés. « On avait déjà offert une formation, mais on va revenir sur les concepts de base, mais aussi offrir une formation un peu plus avancée. »

« Je peux juste me réjouir de ces changements et je souhaite seulement que tout ce nouveau personnel se mette à la tâche le plus rapidement possible », affirme la mère de la fillette.

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