Selon Alexandre Gélinas de Culture Laurentides
« Il y a une fatigue dans toute l’industrie culturelle »
Si l’annonce par Québec de mesures pour aider le milieu culturel à passer au travers de la 2e vague a été bien accueillie dans la région, il n’en demeure pas moins que le défi de gérer une salle de spectacle en ce moment est immense.
Parlez-en à Alexandre Gélinas, directeur du Théâtre Le Patriote à Sainte-Agathe-des-Monts et président de l’organisme Culture Laurentides. Dans une lettre ouverte à la Santé publique du Québec qu’il a signé avec cinq autres leaders du monde culturel, et publié dans le quotidien Le Devoir le 1er octobre, il dénonce la décision de fermer en zone rouge les lieux de diffusion culturelle, surtout après que la majorité d’entre eux se soient adaptés au contexte de la COVID-19.
« La diminution des jauges, la distance physique imposée entre les places, les parois de protection installées, le port du masque obligatoire, les consignes données avant les représentations de manifester sa joie en applaudissant ou en tapant du pied, sont autant de mesures auxquelles les milieux culturels se sont conformés et qui abolissent le contact prolongé », peut-on lire dans cette lettre.
« S’il n’y a eu aucune éclosion depuis la réouverture des lieux de diffusion, ce n’est pas par chance ou par hasard. C’est que le risque d’éclosion était infinitésimal. »
-Extrait d’une lettre ouverte, cosignée par le président de Culture Laurentides
Les signataires ajoutent ensuite: « Les gestionnaires culturels responsables de ces établissements se sont conformés à toutes les directives de la Santé publique, même les plus pointues, pour […] éviter, justement, d’être victimes d’une nouvelle fermeture dont rien ne nous assure qu’elle ne durera qu’un mois. »
Incertitude perpétuelle
Si depuis la parution de cette lettre, le gouvernement du Québec a annoncé qu’il rembourserait 75% des pertes de revenus de billetterie causées par les mesures sanitaires pour les six prochains mois, Alexandre Gélinas croit néanmoins qu’il s’agit là d’un « pansement » plus qu’autre chose.
« Ça soulage pour un certain temps, on va perdre moins d’argent, mais ça ne peut pas durer longtemps, lance-t-il d’emblée à L’info, qui l’a joint au téléphone. Il y a une fatigue dans toute l’industrie culturelle. »
Selon le président de Culture Laurentides, toute aide est la bienvenue, mais il demeure difficile de planifier une programmation en ce moment.
« Ça reste stressant de devoir toujours parer des coups pour l’avenir. Et au-delà des salles comme telles, s’il n’y a pas de spectacles, c’est tout le milieu économique qui est touché. Les commerces autour ont moins de rentrées d’argent. »
Il ajoute que « l’écosystème culturel » est également bouleversé, en particulier au niveau des équipes techniques.
« Il y a des éclairagistes et des techniciens de son que je connais qui ont livré des piscines cet été. Tout le monde a dû se trouver une job ailleurs et même si le gouvernement donne de l’argent pour qu’on présente des spectacles, ce n’est pas dit qu’ils reviendront », conclut-il.
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