Vacances de la construction : une période sous haute surveillance pour les pompiers

Alors que les familles prennent la route des chalets, des campings et des plages pour profiter des vacances de la construction, les pompiers, eux, se préparent à l’une des périodes les plus intenses de leur année. L’info a rencontré Claude Robitaille, chef de division à la prévention, pour en apprendre davantage sur la réalité des services d’urgence durant cette période estivale critique.

À quoi ça ressemble typiquement la période des vacances de la construction pour les pompiers ? En poste depuis un an à la Régie incendie des Monts (RIDM), Claude Robitaille a pris le temps de fouiller les archives pour dresser un portrait fidèle de la situation. « En moyenne, on reçoit environ le double d’appels pendant cette période-là », détaille M. Robitaille. En 2024, le service a comptabilisé 65 appels en deux semaines, comparativement à une moyenne normale de 36 appels pour la même durée. Une hausse considérable, révélatrice de l’augmentation d’activités et de comportements à risque durant cette période de congé.

Parmi ces 65 appels, on compte environ 15 interventions pour des feux à ciel ouvert non conformes, une dizaine liée à des alarmes déclenchées par la fumée de cuisson, et 5 à 6 causées par des feux d’artifice.

Feux à ciel ouvert : principale source d’intervention

Le type d’appel le plus fréquent ? Les feux à ciel ouvert allumés (souvent sans permis) et sans pare-étincelles. Sur le territoire desservi par la régie, il est obligatoire d’avoir un permis pour faire un feu à ciel ouvert, à moins de posséder un foyer conforme, dit « pare-étincelle », conçus pour empêcher les étincelles et les braises de s’échapper. Ce type de foyer réduit considérablement les risques de propagation, notamment en milieu boisé ou lors de vents imprévus.

Le non-respect de cette règle simple cause un nombre élevé d’interventions, principalement déclenchées par des plaintes du voisinage qui aperçoit de la fumée ou craint pour la sécurité des environs. À cela s’ajoutent les feux laissés sans surveillance, parfois mal éteints, qui peuvent devenir la source d’incidents majeurs.

Alarmes et fumée de cuisson

Autre phénomène marquant : l’augmentation des alarmes causées par la fumée de cuisson. « Les alarmes, c’est à l’année, mais pendant la période des vacances, on reçoit beaucoup d’alarmes pour la fumée de cuisson. Pourquoi? Car les gens sont en vacances, donc qu’ils cuisinent plus », explique le chef de division. Dans la distraction des repas familiaux ou des apéros prolongés, il n’est pas rare que des aliments oubliés sur le feu déclenchent une alarme incendie.

Ces appels, bien que généralement non fondés, mobilisent tout de même les équipes sur le terrain. Le même constat vaut pour les feux d’artifice, dont l’usage est interdit sur le territoire de la RIDM, mais reste populaire pendant les vacances. « Il y a beaucoup de gens qui vont louer des chalets ici ; ils ne sont pas au courant de la réglementation et font des feux d’artifice. »

Prévention : un message clair

Les pompiers insistent sur l’importance de la prévention. D’abord, éviter l’utilisation d’accélérant pour allumer un feu. « Jamais. Jamais. C’est très dangereux d’utiliser un accélérant pour allumer un feu. Il y a une hausse marquée d’admission dans les hôpitaux, beaucoup de gens brûlés à cause des accélérants », met en garde Claude Robitaille.

L’équipe recommande plutôt l’usage d’allume-feux sécuritaires. Également, il est essentiel de toujours éteindre un feu complètement, à l’eau de préférence. « Les feux de forêt, ça se propage par le dessous de la terre. » Les pompiers rappellent de ne bruler que du bois, jamais de déchets, qui peuvent dégager des étincelles, car ils sont plus volatiles.

Une équipe motivée et proactive

Malgré l’intensité du travail, les pompiers abordent cette période avec détermination. « Les pompiers sont motivés par leur engagement vers la communauté et par l’adrénaline que les appels procurent. Oui, les gens sont en vacances, mais nous, on sait que ça va nous procurer plus de travail qu’on aime. »

Une légère augmentation des appels est notée depuis quelques années dans les Laurentides, mais celle-ci est en partie liée à la croissance démographique et à l’achalandage touristique sur le territoire. Routes, plans d’eau, campings : tout est plus fréquenté, ce qui engendre une hausse des risques. D’ailleurs, une nouvelle équipe de sauvetage nautique et sur glace est en développement et M. Robitaille explique que « l’équipe nautique pour l’eau devrait être en fonction autour du mois d’octobre. Et l’équipe glace va être en fonction dès que l’hiver va commencer. »

Enfin, Claude Robitaille partage un message à la population : « Soyez prudent avec le feu. Un feu de camp, c’est agréable, ça apporte du plaisir, mais malheureusement, ça peut causer des pertes irréparables s’il est mal éteint. On peut perdre nos souvenirs, nos biens, mais on pourrait perdre la vie aussi.  Puis dans la même optique, j’invite les citoyens à nous suivre sur les réseaux sociaux pour des conseils de prévention.»