Entretien avec René Derouin: un artiste et son village
Profondément attaché au village de Val-David dans lequel il a mis les pieds pour la première fois il y a plus de 65 ans, l’artiste multidisciplinaire de renommée internationale, René Derouin, trouve encore et toujours le moyen d’apporter du soutien à sa précieuse communauté à travers ses créations.
Né au bord du fleuve, dans l’est de Montréal, René Derouin n’a jamais eu de doute quant à son intérêt pour les arts. « Je pense que je suis profondément un artiste », confie-t-il. L’idée de faire des arts son métier s’est rapidement concrétisée à l’âge de 10 ans, alors qu’il venait en aide aux employés du cirque Barnum & Bailey. « Je dirais que les notions d’artiste, de création, de performance et de dépassement de soi sont venues du Barnum & Bailey. J’étais fasciné par le côté créateur et voyageur de ces artistes-là », soutient-il.
Un port d’attache
Ce n’est que quelques années plus tard, entre crayons et papiers, qu’il fit la rencontre de Gilles Mathieu, au Studio Salette de Montréal, où ils étudiaient tous deux le dessin publicitaire et le graphisme. En 1953, il découvrait ainsi le charmant village de Val-David aux côtés de son camarade de classe. Réfléchissant déjà à l’idée de transformer l’atelier de portes et châssis de son père en boite à chansons, Gilles Mathieu était loin de se douter à cette époque du mémorable avenir qu’attendait la Butte à Mathieu.
Marqué par la beauté du village, René Derouin décida donc de s’installer officiellement au cœur de Val-David en 1964. « Je suis très attaché à Val-David, même si je voyage beaucoup. C’est mon port d’attache », soulève M. Derouin.
S’engager à sa façon
Depuis le début de sa carrière, René Derouin s’engage envers son milieu et sa communauté. Célébrant ses dix ans cette année, la fresque « Autour de mon jardin » qui enjolive l’épicerie Métro de Val-David est un des gestes à l’égard du village dont l’artiste est le plus fier. Demeurant toujours un symbole d’espoir, d’aide et de continuité à l’égard des citoyens, ce projet avait notamment permis de sauvegarder le Centre d’alimentation de sa disparition au profit des grandes surfaces. « Nous nous étions dit qu’en faisant du Métro une œuvre d’art, nous allions le sauver et ça a fonctionné », affirme-t-il.
Dévoué, René Derouin a également mis sur pied et animé des symposiums internationaux d’art-nature ainsi que les Jardins du Précambrien de Val-David, des événements qui témoignent de son amour envers la nature.
Une nouvelle exposition
Sa nouvelle exposition « Flore du continent » sera présentée dès le 1er août à la salle communautaire du village de Val-David et ce jusqu’au mois d’octobre. L’artiste multidisciplinaire dévoilera par le biais de celle-ci son appartenance au territoire et rendra également un hommage à la Flore laurentienne de Marie-Victorin. Même confiné, ce ne sont pas les projets qui manquent à l’esprit créatif de René Derouin. Bien qu’il n’ait encore point connaissance des impacts de la pandémie sur son art, il continue d’avancer, de venir en aide à sa communauté et d’exercer son métier, telle a toujours été sa destinée.
Participer au Centenaire par une œuvre
Dans le cadre du centième anniversaire du village de Val-David, le comité organisateur a accueilli la collaboration de René Derouin qui a créé une œuvre d’art unique afin de financer les festivités du Centenaire. « Je suis très heureux qu’on me permette de participer au Centenaire par une œuvre. C’est rare que je reçoive des commandes comme celle-ci, je suis touché », mentionne l’artiste. Fabriquée d’un assemblage de découpages, de dessins, de gravures et de collages, cette œuvre d’une dimension de 114 x 84 cm est évaluée à plus de 8 000$ et fera l’objet d’un tirage en septembre prochain. « L’image du cercle représente la communauté valdavidoise tissée serrée et entourée de la flore et la faune laurentienne sous la bienveillance de la migration des oiseaux et le regard d’une muse de la joie de vivre à Val-David. Les maisons, la famille, les enfants, la montagne, l’ancienne église et la nature de notre monde à part y sont représentés », explique, René Derouin. Inspiré des couleurs et des textures de l’œuvre de M. Derouin, un concept créatif de quatre représentations graphiques par l’Atelier Pastille Rose a par ailleurs été dévoilé pour représenter la signature du Centenaire du village.
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