Germaine Tourville raconte Noël, d’hier à aujourd’hui
Noël à la ville, dans les années 1920-40
Du plus loin qu’on puisse remonter dans l’histoire du peuple québécois, Noël et le Jour de l’An ont toujours été des moments forts. Toutefois, la façon de souligner ces journées particulières a grandement évolué depuis un siècle. Germaine Tourville, 95 ans, en témoigne.
Née à Montréal d’un père journalier et d’une mère qui faisait des ménages pour mettre du pain sur la table, cadette d’une famille de six enfants, Mme Tourville demeure depuis plus de 40 ans dans la région. Maintenant installée à Sainte-Agathe-des-Monts, elle se souvient que ses premiers Noëls avaient bien triste allure.
« J’avais cinq ans quand la crise de ’29 est arrivée. Les années qui ont suivi étaient difficiles. Je me souviens qu’on se faisait habiller par la société Saint-Vincent-de-Paul et qu’on n’avait ni cadeau, ni arbre de Noël. On allait à la messe de minuit, puis on visitait nos familles, c’était à peu près ça. »
Il aura fallu attendre que ses sœurs aînées et son frère commencent à travailler, au milieu des années ’30, pour voir une embellie au logis des Tourville. L’arbre de Noël est revenu dans la maison, les décorations aussi. Dans ce dernier cas, il s’agissait surtout de guirlandes, fabriquées à la main avec du papier d’aluminium pour que ce soit argenté. « On faisait tout à la dernière minute », se remémore la dame.
Les bas de Noël, alors donnés au Jour de l’An, sont également réapparus, chargés de sucres d’orge, d’une orange et d’une pomme. « Une fois, j’ai même eu une bague dans mon bas. Wow, ça, c’était quelque chose! », glisse Mme Tourville avec un grand sourire.
Chansons en famille
Le Jour de l’An, cependant, demeurait une belle journée. Toute la famille se retrouvait chez les grands-parents, pour obtenir la bénédiction paternelle et surtout, pour réveillonner. Le menu était on ne peut plus traditionnel: tourtières, tartes et beignes se retrouvaient dans les assiettes de chacun. Mme Tourville en profitait, elle, pour manger des tranches d’orange avec du sucre, que sa grand-mère préparait pour l’occasion. « Ça, c’était spécial, c’était le seul moment où on mangeait ça! », se remémore-t-elle.
Les Fêtes étaient aussi l’occasion de chanter en famille. « J’ai un de mes oncles qui avait un piano droit, se rappelle l’Agathoise d’adoption. Il le transportait dans son camion et allait visiter chaque membre de la famille durant le temps des Fêtes. Il jouait du piano et sa femme chantait. On finissait par tous chanter autour du piano. Chacun avait sa chanson attitrée, moi aussi. J’adorais ça, on disait que j’avais été vaccinée avec une aiguille de gramophone! », dit-elle en riant.
« Les chansons étaient belles dans ce temps-là », ajoute-t-elle.
Plus tard, dans sa belle-famille, à Terrebonne, aux chansons d’amour et à répondre s’est ajouté l’accordéon. Tout le monde buvait alors du whisky blanc, acheté par le père à 92% d’alcool et coupé à l’eau ensuite pour le rendre buvable. « Les plus jeunes, on préférait le gin par exemple. Tranquillement, le gin a fini par remplacer le whisky », dit Mme Tourville.
Les temps changent
Une fois marié à Fernand Martin, en 1947, Mme Tourville s’est installée à Terrebonne, où elle a fondé une famille de six enfants. Dans la cinquantaine, le couple a déménagé dans le « nord », habitant successivement à Sainte-Agathe puis Saint-Jovite. Malgré ces déplacements, il s’est toujours fait un point d’honneur d’être un arrêt obligé lors des Fêtes, tant pour la parenté que pour les amis.
« Longtemps, c’est moi qui recevait pour le temps des Fêtes. De la messe de minuit à la Fête des Rois, ma porte était toujours ouverte. À Noël, je cuisinais pour 40 personnes », confie Mme Tourville. Une année, au réveillon, elle a reçu du monde jusqu’à 6h du matin. Elle avait à peine eu le temps de se coucher que trois autres personnes sont arrivées chez elle et elle s’est levée pour les accueillir et les nourrir. Une autre fois, il y a eu une grosse tempête de neige, si bien qu’elle a gardé du monde chez elle pendant trois jours.
La religion, à cette époque, a commencé à perdre de la vigueur. Elle-même excommuniée pour avoir refusée d’avoir un 7e enfant, Mme Tourville et sa famille ont cessé d’assister à la messe de minuit. Son mari a cependant continué de bénir ses enfants au Jour de l’An. Les cadeaux ont commencé à être mis sous le sapin et à être donnés à Noël.
« Ç’a changé, mais je pense que le plus important, c’est d’avoir du plaisir en famille, et ça, c’est encore aussi présent », conclut Germaine Tourville.
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