Deux experts se prononcent sur Laurentides-Labelle
Élections fédérales
Au lendemain des élections fédérales du 21 octobre, de nombreux experts ont analysé les résultats. L’information du Nord a voulu faire de même avec la victoire bloquiste dans Laurentides-Labelle, en demandant l’avis de deux professeurs du Centre collégial de Mont-Tremblant.
Guillaume Tassé enseigne l’histoire et Alexandre Laplante la sociologie, mais tous deux sont passionnés de politique. Pour eux, le retour du Bloc dans la circonscription n’est pas une surprise.
« Les régions à forte concentration francophone ont toujours eu une tendance à aller vers le Bloc, depuis 1993, dit d’emblée le premier. Avec le fort vent de nationalisme qui a porté la CAQ au pouvoir il y a un an au provincial, les électeurs de Laurentides-Labelle et des 31 autres comtés remportés par le Bloc envoient un message clair: ils veulent une meilleure emprise sur l’immigration et le respect de la loi sur le port des signes religieux par le fédéral. »
« Les Laurentides et Lanaudière ont un historique nationaliste, poursuit le deuxième. Depuis 1976, le Parti Québécois y est très fort au provincial, ce qui rejaillit au fédéral en favorisant le Bloc. Les électeurs d’ici ont des valeurs fortes qui rejoignent le Bloc, comme la protection de l’identité québécoise et la solidarité sociale. Je dirais que c’est un retour aux sources pour Laurentides-Labelle: on aime le consensus, dans les milieux ruraux, et en étant centré sur la défense d’intérêts qui font consensus au Québec, avec une plateforme électorale moins polarisante que les autres partis, le Bloc a rejoint les électeurs. »
Le chef et la candidate
Les deux experts soulignent également deux choses qui ont fait la différence: la bonne campagne du chef bloquiste, Yves-François Blanchet, et l’enracinement de la candidate locale, Marie-Hélène Gaudreau. « Le chef a bien joué ses cartes en mettant l’indépendance en veilleuse: il s’est montré très pragmatique et s’est fait le porte-parole de la majorité québécoise, avec ses incohérences », soutient Guillaume Tassé.
Alexandre Laplante abonde dans le même sens. « Les campagnes s’articulent vraiment autour des chefs maintenant, et Yves-François Blanchet s’est montré posé. Avec un côté pédagogue, il a mis l’accent sur des revendications comme le soutien à la culture en taxant les géants du Web et une meilleure politique environnementale, au lieu d’aller dans la confrontation sur l’immigration par exemple. »
La force de la candidate bloquiste locale a également joué. Bien intégrée dans le nord du comté, disposant d’un réseau de contacts influents, Marie-Hélène Gaudreau a fait le poids contre le libéral David Graham, qui s’est illustré comme un député de terrain. Guillaume Tassé salue d’ailleurs sa performance. « Il a réussi à gagner plus de voix que la dernière fois malgré un dégonflement des appuis aux libéraux. C’est la preuve qu’il a fait un bon travail et qu’il a débloqué des dossiers. Mais Marie-Hélène Gaudreau a aussi mené une bonne campagne et a profité de la vague », analyse-t-il.
Vision plus large
Même si tous s’entendent pour parler d’un retour éclatant du Bloc Québécois, nos deux experts préfèrent cependant demeurer prudents. « Les libéraux ont quand même été chercher le plus de sièges au Québec, rappelle Alexandre Laplante. On assiste en fait à une cristallisation du vote: Montréal et les comtés plus anglophones votent rouge, la région de Québec bleu conservateur et les banlieues et régions éloignées Bloc. »
Guillaume Tassé va encore plus loin, parlant de « faiblesse » du Bloc, malgré sa victoire. « Il y a peu de majorités absolues dans les comtés qui ont élu un bloquiste. On a surtout assisté à l’effondrement du NPD et au rejet des conservateurs au Québec. Même en jouant la carte du nationalisme et de la décentralisation, les conservateurs se sont encore empêtrés dans les débats sur l’avortement et sur le pétrole, qui leur fait toujours mal au Québec. Le NPD, en épousant des positions pro-immigration et pro-multiculturalisme pancanadien, s’est retrouvé dans la même case que les libéraux. On revient à une division du vote sur l’axe nationaliste/fédéraliste. » Cela dit, il s’attend à ce que le Bloc demeure relativement fort dans les prochaines années, ce qui risque de provoquer plusieurs gouvernements minoritaires d’affilée.
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