La situation s’aggrave

Publié le 24 février 2021 par Sarah St-Denis

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Sarah St-Denis

Journaliste | sst-denis@inmedias.ca

La pandémie de COVID-19 a créé son lot d’insécurités dans la population et les locataires n’y échappent pas.

Les logements locatifs et abordables se font rares à Sainte-Agathe-des-Monts. (Photo Pixabay)

Dans la région, le taux d’inoccupation des logements était déjà jugé critique depuis deux ans. Avec la distanciation sociale qui a chamboulé nos vies, la situation s’est encore davantage dégradée, car il devient encore plus attirant de posséder une résidence à la campagne.

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), pour ne pas vivre de crise du logement sur un territoire, il faut que le taux d’inoccupation des logements locatifs soit de 3%. Or, dans la région, ce taux est passé à 1,1% au cours des 24 derniers mois.

Personnes vulnérables

La situation actuelle inquiète Chantal Petit, directrice de CAP JEM. Cet organisme fournit une première ressource d’hébergement transitoire aux jeunes mères monoparentales des Laurentides à faible revenu.

« C’est certain que nous sommes inquiets pour nos résidentes, puisqu’elles devront éventuellement se trouver un lieu permanent où résider. On sait qu’il y a beaucoup de recherche de logements, on voit des mamans qui partent en recherche et ce n’est pas facile. Les reloger peut être un défi », explique Mme Petit.

De son côté, Nancy Ponton, directrice de la ressource en santé mentale L’Envolée, constate que la difficulté de se loger commence à avoir un impact considérable sur les gens les plus vulnérables dans nos localités. « C’est réel, la crise du logement et la crise de l’itinérance chez nous. Nous avons beaucoup de gens de la région qui se retrouvent à la rue en raison de la flambée des prix des loyers et du manque de logements disponibles. » Preuve à l’appui, la halte-chaleur récemment mise sur pied à Sainte-Agathe est maintenant occupée chaque jour, souvent par les mêmes personnes.

Boom immobilier

En plus du taux d’inoccupation trop bas dans la région, les personnes qui n’ont pas accès à la propriété doivent maintenant faire face à de nouveaux facteurs qui détériorent la situation. Selon l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), 2020 a été une année de vente immobilière sans précédent pour les Laurentides. Une réalité qui a des impacts sur la population locale.

« La pandémie a eu pour effet de créer une surenchère des prix pour les habitations dans le secteur de Sainte-Agathe-des-Monts. Dans plusieurs cas, des personnes fortunées ont offert un montant plus élevé que celui demandé par le vendeur, ce qui a pénalisé les Agathois qui pensaient pouvoir accéder à la propriété. Ces derniers ont donc dû demeurer locataires, ce qui contribue à la rareté actuelle des logements disponibles », explique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.

Parmi les raisons qui ont contribué à ce phénomène, le passage au télétravail d’une grande partie des travailleurs de la province en a incité certains à établir leur bureau dans une résidence secondaire. L’attrait de la rentabilité touristique, soit acheter une propriété pour en faire un hébergement touristique, a également pesé dans la balance. « Depuis le premier confinement, fuir les centres urbains comme Montréal a été une volonté marquée dans la population au Québec. La demande a donc explosé pour les séjours touristiques dans les secteurs de villégiature », selon Mme Laflamme.

« Afin de pouvoir répondre de façon adéquate aux autres besoins du ménage, la norme en termes de pourcentage du revenu que chacun devrait consacrer au loyer est de 30%. Avant même la pandémie, dans les Laurentides, 10 300 locataires consacraient plus de la moitié de leur revenu au loyer », conclut-elle.

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