« Au Québec, on sait se baigner mais on ne sait pas nager »

Publié le 2 juillet 2020 par Véronique Piché

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Véronique Piché

Journaliste | vpiche@inmedias.ca

Les Laurentides se trouvent au sommet du palmarès des régions québécoises où l’on compte le plus de décès liés à l’eau. Certains s’inquiètent que la situation due à la COVID-19 ne vienne gonfler ces funestes statistiques.

Malgré son apparence paisible et ses plages de sable, la rivière Rouge est depuis une décennie le plus meurtrier des cours d’eau qui sillonnent les Laurentides. (Photo L’info du Nord – Marilou Séguin)

« Quand les gens ont chaud, ils font fi de tout: de la salubrité et de la sécurité », souligne avec lucidité le directeur général de la Société de sauvetage du Québec. Raynald Hawkins, conscient de cette réalité, ne s’est pas reposé pendant le confinement. Pour lui, chaque minute comptait avant que la population ne saute à l’eau, pour le meilleur et pour le pire.

La fin de semaine marquant le début officiel de l’été a d’ailleurs été le théâtre d’attroupements aux abords de nombreux plans d’eau non surveillés de la région. La Rivière-Rouge près de Mont-Tremblant ainsi que des plages techniquement fermées de Sainte-Agathe-des-Monts ont alors reçu leur lot de baigneurs.

Grosso modo, 40% des noyades de la province ont lieu en rivière, 30% en lac et 15% en piscine résidentielle. « Moins de 1 % des noyades surviennent dans les lieux surveillés et encadrés », insiste monsieur Hawkins, un natif de la région qui sait à quel point les Laurentides comptent de nombreux plans d’eau très attrayants.

Hausse des noyades prévue

Cette année, la Société de sauvetage prévoit une hausse des noyades au Québec. « La loi de la mathématique joue contre moi », s’inquiète le DG. En ce sens, il souligne la hausse marquée des ventes d’embarcations récréatives telles les motomarines, paddle boards et kayaks, mais aussi des piscines résidentielles. Un effet du confinement, pense-t-on. Malheureusement, les récentes noyades et accidents enregistrés à ce jour en plusieurs endroits dans la province lui donnent raison.

Les hommes sont nettement plus à risque que les femmes de se noyer. Huit noyades par tranche de 10 personnes, tous âges confondus, ce sont des hommes. M. Hawkins croit que la témérité pourrait être en cause, mais surtout l’idée selon laquelle « ça ne peut pas m’arriver à moi ». Une pensée magique à l’origine de plusieurs drames.

« Au Québec, on sait se baigner mais on ne sait pas nager. Je ne dis pas de ne pas vous rafraîchir, mais ne surestimez pas votre capacité à nager. »

-Raynald Hawkins, DG de la Société de sauvetage du Québec

Selon les données que la Société de sauvetage du Canada a colligées à travers le pays, les gens ne portent pas leur vêtement de flottaison non pas pour des raisons de confort, mais bien parce qu’ils ne pensent pas passer par-dessus bord.